Et si on parlait de la croissance verte !
La série de catastrophes climatiques récentes a fait ressurgir les débats sur le changement climatique et la protection de l’environnement auquel nos dirigeants occidentaux amènent une solution, présentée comme LA solution, la croissance verte. La croissance verte, ça consiste à garder le même niveau de développement économique tout en préservant l’environnement. Cette notion un peu fourre-tout permettrait d’envisager un avenir radieux, où notre planète serait préservée sans que nos vies ne soient bouleversées. Chaque geste compte, surtout le tric de déchet que beaucoup d’entre nous sous -estiment. D’ailleurs, n’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez tout connaitre sur le tri des déchets en entreprise.
Et cette transition écologique qui n’impliquerait aucun changement est sur toutes les lèvres : Emmanuel Macron, Joe Biden aux États-Unis ou Justin Trudeau au Canada par exemple en passant par la banque mondiale, l’OCDE ou l’ONU, tout le monde ne jure plus que par la croissance verte. Et cette croissance verte est contre nature pour notre invitée Hélène Tordjman, économiste, et autrice du livre « la croissance verte contre la nature ».
LA CROISSANCE VERTE CONTRE LA NATURE
La finance verte, un moyen pour le capitalisme de profiter de la problématique écologique pour faire du business ? L’écologie marchande est-elle lucrative ? La croissance verte rapporte-t-elle beaucoup d’argent ? Ce sont les questions posées à Hélène Tordjman, économiste et autrice de La croissance verte contre la nature, critique de l’écologie marchande, sur le plateau du Média. Le capitalisme a la capacité de se saisir des événements pour se renforcer. Les crises climatiques et écologiques ne font pas exception. C’est même devenu un marché.
Les grandes firmes multinationales se réapproprient ces thématiques, le patrimoine naturel et même la notion de nature, pour faire du profit. C’est la croissance verte, une occasion supplémentaire pour les financiers de faire des bénéfices. Dans La croissance verte contre la nature, critique de l’écologie marchande, l’économiste Hélène Tordjman détaille avec précision les mécanismes et les logiques mises en œuvre par le capitalisme pour développer le marché, tout en se repeignant en vert, quitte à détruire au passage des écosystèmes ou aggraver la crise climatique.
La chercheuse de l’université Sorbonne Paris-Nord explique les contradictions, inhérentes au système capitaliste, qui lui permet de faire de la biodiversité un produit et de marchandiser la nature. Pour ne pas remettre en cause le capitalisme, les grandes entreprises et les décideurs politiques déploient des stratégies nombreuses, basées notamment sur le solutionnisme technologique, avec l’idée que la sortie de crise passera par la technique et l’ingéniosité, non par un changement structurel. Hélène Tordjman est notamment très critique des plans politiques mis en œuvre, comme le Green new deal ou le pacte vert européen, qui s’appuient sur ce paradigme et ne remettent pas en cause le système économique.
C’est donc le mode de production qui est au cœur de cette réflexion, et qui est responsable de cette évolution. Tout changement, selon l’économiste, passe donc par une révolution complète et une sortie du capitalisme. Ce qui implique donc une dernière question : comment développer une autre économie, respectueuse du vivant et qui ne fait pas de l’environnement une marchandise ?
La croissance verte, opportunité ou illusion ?
L’économie peut-elle sauver la planète ? On ne parle que de croissance verte, d’énergie propre, de produits durables, de circuits responsables, de labels équitables… On pourrait croire qu’il n’y a vraiment pas de quoi s’inquiéter, que tout est vert-ueux. Mais s’agit-il là de slogans pour se rassurer ou des signes avant-coureurs d’une vraie révolution en marche ? Le pari de la croissance verte est lancé, et tout le monde s’y met : les think tank publient des feuilles de route, les entreprises innovent dans les technologies vertes, les consommateurs changent leurs habitudes.
Est-ce que ça suffira ? Ne soyons pas naïfs, il reste de vraies tensions entre les mécanismes qui font tourner l’économie libérale – cette machine à consommer, véritable fabrique de besoins toujours croissants – et les limites physiques de notre monde que les scientifiques s’épuisent à rappeler. L’encadrement de l’économie, par la gouvernance et la régulation, jouera un rôle primordial pour accélérer ou freiner la transition, discriminer entre les propositions vraiment vertueuses et les fausses solutions gadgets. Aujourd’hui, les règles du jeu encouragent le vert, mais elles ne font pas payer le brun. Polluer n’est pas encore réellement coûteux. Même le citoyen est paradoxal. Il voudrait bien faire, mais…